Quoi de mieux pour occuper un dimanche qu'une petite sortie en baie de Somme? Ce n'est pas très loin de Paris, des bancs de sable à perte de vue, et une baie qui a gardé un caractère sauvage indéniable puisqu'elle sert d'étape à de nombreuses espèces d'oiseaux migrateurs et abrite la seule colonie de phoques française (en métropole).
Si le temps est maussade, les horaires et coefficients de marée sont quant à eux avec nous. Un luxe quand on connaît les courants qui peuvent exister dans la baie. Nous arrivons donc à Saint Valery sur Somme en courant de matinée, accueillis par un troupeaux de moutons quittant temporairement les prés salés. L'ensemble du groupe se prépare. Les petit nouveaux de l'année, pour qui il s'agissait de la première sortie en mer (pour ceux qui n'avaient pas fait Etretat) vérifient une dernière fois les calages de leur embarcation. La séance ne sera techniquement pas difficile puisque c'est face à une mer d'huile que nous préparons l'embarquement.
Nous voilà ainsi sur l'eau, pagayant tranquillement dans le chenal nous menant vers la sortie de la baie. Le ciel est lourd, chargé de gros nuages noirs charriés par un vent régulier. de temps à autre quelques rayons solaires transpercent, la couverture nuageuse pour donner de chatoyantes couleurs aux bancs de sable. Un vrai paysage de peinture.
Pas un bruit, si ce n'est quelques cris d'oiseaux lointains et les pagaies qui dérangent la surface de l'eau. Le chenal nous mène au Hourdel. Nous avons pu apercevoir quelques phoques au loin sur notre route mais rien à voir avec les observations que nous avions pu faire lors de précédentes sorties. Nous décidons de continuer encore vers la sortie de la baie. Une fois le blockhaus dépassé nous franchissons une ligne imaginaire que nous n'avions jamais franchie jusque là et observons deux petits bateaux de pêche à la crevette (le rêve de Forest Gump n'est pas loin) qui oeuvrent sous la pluie.
Puis au loin, trop loin, nous voyons, sur les bancs de sable la colonie de phoques veau marin. Une trentaine, peux être une quarantaine d'individus si ce n'est plus. Nous n'irons pas plus près pour ne pas les déranger. Par contre certains d'entre eux qui devaient chasser dans le coin se mettent à sortir la tête de l'eau nous observant de leurs yeux espiègles puis retournant dans l'eau pour ressortir un peu plus loin. Je me retourne vers Sylvain pour assister à une scène très drôle... La tête d'un phoque sort à moins de deux mètres de lui, les deux furent très surpris de cette proximité soudaine et Sylvain laissa échappé un petit cris de surprise tandis que le pinipède retournait dans les profondeurs dans un fracas d'éclaboussures... d'autre phoques tournent tout autour de nous, l'un deux plus curieux s'approche de plus en plus, il semble moins craintif que les autres et a certainement côtoyé les hommes de plus près puisqu'une galette bleue trône au sommet de son crâne. Une balise ?
Le spectacle ne s'arrête pas mais il faut penser à rentrer, et nous faisons demi tour pour retourner à notre point de départ. Les phoques nous accompagnent encore un peu. La pluie augmente... nous nous changeons sous la pluie, faisant des pieds et des mains pour ne pas salir nos vêtements dans la boue. Certains qui déploient des trésors d'ingéniosité, pour ne pas citer Guillaume, finissent plus sales que les autres...
17 km de navigation, dans un décors immobile sous un ciel en perpétuel mouvement, comme si tout c'était arrêté et une rencontre encore une fois grandiose. Bref encore une belle sortie dans une baie de Somme sachant toujours nous étonner, nous émerveiller. (cela n'engage que moi)